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L’engagement : un défi pour chacun d’entre nous !

La période de la rentrée est toujours propice aux bonnes résolutions. Pour moi, celle-ci ne fait pas exception : en tant que président de l’Université de Strasbourg, je prends la résolution de placer cette année universitaire sous le signe de l’engagement.

L’engagement peut prendre de multiples visages. Il peut être assez classique, ou traditionnel : pour un étudiant, réussir son année d’études ; pour un doctorant, amener sa thèse à maturité ; pour un enseignant-chercheur, explorer de nouvelles pratiques pédagogiques pour favoriser la réussite étudiante ; pour un chercheur, contribuer à l’avancée de la science. Quant aux personnels administratifs et techniques, ils peuvent s’impliquer davantage dans les projets innovants menés pour moderniser l’université ou améliorer sa performance, redonnant ainsi tout sons sens au service public.

Mais l’engagement lui-même peut être innovant : il peut consister à essayer de créer du lien avec les autres (partenaires institutionnels, organismes de recherche, collègues des autres services), à faire un effort d’ouverture (à l’international, à la différence, aux autres points de vues) et même à ouvrir son savoir, comme le propose le projet d’archives ouvertes de la connaissance. Il peut consister à s’engager à évaluer plus justement les étudiants grâce à de nouvelles méthodes, comme l’évaluation continue intégrale.

Enfin, l’engagement peut être plus « sociétal » : être Charlie au quotidien, ouvrir encore plus l’université à la cité, accueillir à nouveau parmi nous la sociologue turque Pinar Selek pour qui l’Unistra a inventé le concept d’asile académique, se mobiliser pour soutenir et accueillir les réfugiés, notamment les étudiants, qui en feraient la demande.

Ce qui me semble certain, concernant notre engagement, c’est qu’à l’Université de Strasbourg, le cœur y est, la volonté aussi. Espérons maintenant que les moyens suivront. Si l’université avait à subir de nouvelles contractions budgétaires, ce qui n’est pas exclu, la qualité, la diversité, l’efficacité de nos engagements pourraient gravement en être affectés. Et avec eux, l’avenir et la compétitivité de tout notre pays.

Bonne rentrée à tous, et tenez vos engagements !

Alain Beretz
Président de l'Université de Strasbourg 

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Identités complexes : « Passer de la pauvreté du seul logo à la richesse d'un langage »

Le village des services version 2015 a permis de tester en grandeur nature une première mise en œuvre de la logique du chantier Idex des identités complexes (intelligibilité et lisibilité). L’opportunité de faire le point sur ce projet avec Pierre Litzler, directeur du projet, et Armelle Tanvez, directrice de la communication et membre de l’équipe*.

En quelques mots, rappelez-nous en quoi consiste ce chantier des identités complexes.
Quels en sont les enjeux ?

Pierre Litzler : Identités complexes est le nom d’un projet de recherche-action financé par l’Idex (Initiative d'excellence). Sa finalité est de donner une meilleure lisibilité et intelligibilité du savoir élaboré et enseigné à l’université. Aujourd’hui, cette lisibilité n’est assurée que par un logo d’appartenance, qui ne dit rien de la richesse, de la diversité de l’Unistra. Les services, composantes et laboratoires ne peuvent pas s’en emparer pour  dire leur singularité et l’exprimer dans ce qui nous rassemble. Nous essayons donc de proposer un système alternatif, qui permet  d’exprimer une singularité dans un tout. Cela suppose de passer du contexte limité d’un signe (le logo) à la diversité d’un langage visuel.

Armelle Tanvez : C’est un chantier fondamental pour la communication, car il pose la question de nos relations avec nos publics. Comment nous comprend-on de l’extérieur ? On ne cherche pas à nier la diversité, juste à la rendre compréhensible, perceptible, justement parce qu’elle est une force et qu’il faut la valoriser.

Très concrètement, comment cela peut-il se matérialiser ?

P. L. : Prenons par exemple le cas du village des services, qui se tient chaque année au moment de la rentrée à l’initiative du Service de la vie universitaire. C’est une belle initiative, très utile pour les usagers de l’université. Mais le village souffre d’un déficit de lisibilité : des centaines de documents différents y sont diffusés par des services qui se désignent eux-mêmes par des acronymes illisibles pour des personnes non-initiées. C’est pourquoi nous avons proposé de nous placer du point de vue des étudiants et de rendre intelligibles les services offerts en « chapitrant » le village, comme on découpe un livre en chapitres, sous la forme de grands kakémonos thématiques doublés par un guide papier (L’essentiel) qui les explicite de manière synthétique.

Ce chantier est une première mise en œuvre de la logique des identités complexes. Au-delà ou à travers la beauté – une notion d’ailleurs toute relative – notre objectif est que le village ait été plus clair, plus lisible, pour ses usagers.

Plus généralement, où en êtes-vous, dans ce projet ?

P.L. : Le projet prend forme autour de trois grands outils : une typographie, un système visuel, et un lexique. La typo est sans doute l’élément le plus fondateur de ce nouveau langage. Elle sera formée de deux polices distinctes : l’une des deux, celle de la « vie universitaire », a été dessinée spécialement et a été dénommée Unistra. Elle exprime la diversité, le patrimoine, l’excellence et l’ouverture, grâce à des formes littéralement ouvertes qui créent un continuum forme/fond particulier... L’autre s’appliquera plutôt à la diffusion du savoir : c’est une police en open source, très complète, avec beaucoup de signes scientifiques. Elle s’appelle Brill-Typeface.

A. T. : L’utilisation de ces typographies peut permettre de repérer le style Unistra au premier coup d’œil sur un support. C’est très identifiant. Pour simplifier leur usage, ces polices de caractères seront installées sur les postes informatiques, normalement en début d’année 2016.

P. L. : En ce qui concerne le système visuel, nous partons sur un système modulable, qui permet à chacun, dans un certain cadre, de mettre en avant ce qui lui paraît important dans son identité, dans sa signature.

A. T. : Par exemple, nous n’allons pas proposer de supprimer les logos existants : ils pourront être intégrés dans ce système visuel global et cohérent.

P. L. : Enfin, le travail réalisé sur le lexique est très avancé. C’est un chantier passionnant, qui doit nous permettre de comprendre de quoi on parle, et donc, indirectement, de nous aider à mieux nous comprendre. L’usage excessif d’acronymes, parfois identiques avec des développements différents, génère de la confusion, voire des malentendus.

Que souhaitez-vous dire aux collègues qui expriment de l’inquiétude par rapport à ce projet qu’ils estiment trop normatif ?

P. L. : Comme je l’ai déjà dit, ce projet consiste à créer un système visuel. Nous allons mettre à la disposition des collègues des outils pensés, cohérents, de bonne qualité, qui permettront d’exprimer la singularité et la diversité dans une unité. Tous les langages ont des règles, des principes qui permettent de créer un nombre de formes infini. Notre système visuel ne fera pas exception.

A. T. : Je leur dit « Venez nous voir, soyez curieux, posez des questions, interrogez-nous, discutons » (contact). Pour la mise en œuvre, on accompagnera, on prendra le temps, on trouvera les réponses adaptées quand les obstacles surgissent. C’est un changement important, cela ne va pas se faire du jour au lendemain. Les déploiements seront progressifs. Nous comptons aussi sur la volonté de tous pour dépasser les difficultés. Nous sommes en train de créer un système qui doit être évolutif, pour s’adapter aux nouveaux usages, aux nouveaux publics de la décennie à venir.

Propos recueillis par Caroline Laplane

*Pour mémoire, l’équipe permanente Idex identités complexes comprend : Pierre Litzler, directeur du projet ; Armelle Tanvez, directrice de la communication ; Olivier Kohtz, chargé de communication ; Faustine Najman, graphiste ; Laurie Chapotte, graphiste ; Cristina Poth, typographe ; Ruedi Baur, designer ; Vivien Phillizot, designer graphique.

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Un parc de l’université flambant neuf et connecté pour le 17 septembre

Débutée il y a 24 mois, la deuxième phase de travaux du parc central du campus Esplanade, désormais nommé « parc de l’université », s’achève tout juste. À ce processus de mue initié en 2009 succède désormais le temps de l’inauguration de ce poumon vert au cœur de l’université. Rendez-vous jeudi 17 septembre prochain.

« Le changement est spectaculaire ! » Bastien, étudiant de master 2, n’en revient pas à son retour de vacances. Il faut dire que pendant l’été, les ouvriers du chantier du parc de l’université, compris dans l’« équerre » formée par la bibliothèque U2-U3, le bâtiment Pangloss et le Collège doctoral européen (CDE), n’ont pas chômé. Grandes étendues de gazon invitant à la détente, reliées par des cheminements piétonniers réalisés à base de liant végétal, le tout parsemé d’arbres et d’arbustes : les espaces extérieurs du campus central sont métamorphosés. Et le vœu d’« une université modernisée, plus attractive, plus verte et plus ouverte », moteur du projet, réalisé.
Vendredi 17 septembre, Alain Beretz, président de l’Université de Strasbourg et Stéphane Fratacci, préfet de la Région Alsace, représenté par Jacques Garau, secrétaire général pour les affaires régionales et européennes, inaugureront le parc en semant symboliquement « les graines du savoir », en présence  de Philippe Richert, président du conseil régional d’Alsace, de Roland Ries, maire de Strasbourg, de Robert Hermmann, président de l’Eurométropole, et de nombreux élus et partenaires du projet. Le vice-président Patrimoine, Yves Larmet, officiera comme maître de cérémonie.
Yves Larmet, accompagné d’Agnès Daval, paysagiste en charge du projet, se proposeront de guider les invités à travers les cheminements du parc. Des visites qui se prolongeront le week-end, à l’occasion des Journées européennes du patrimoine. Outre les élus et partenaires du projet, personnels de l’Unistra, étudiants et riverains sont tous conviés à cette inauguration.

Un lieu de vie relié à l’extérieur

Car c’est véritablement comme un lieu de vie que le projet de parc de l’université a été pensé et conçu. 980 arceaux ont été installés, pour permettre d’accrocher, en capacité maximale, près de 2 000 vélos. Chaises, tabourets et tables flambants neufs, 260 au total, disséminés sur le campus, offrent d’agréables lieux pour discuter, lire ou travailler en plein air…
D’autant que pour le 17 septembre, neuf bornes Wi-Fi seront mises en service, permettant aux étudiants, personnels et enseignants de l’Unistra de se connecter à Internet depuis les quatre coins du campus (voir plan ci-dessous). « À l’origine du Wi-Fi outdoor, une demande convergente de la présidence, des usagers du campus et des artistes de l’Ososphère bientôt en résidence, qui avaient besoin d’une connexion extérieure pour mener à bien leur intervention», explique Sébastien Boogia, coordinateur du projet au sein de la Direction informatique. En cours depuis mars, le déploiement du Wi-Fi en extérieur a dû recevoir l’aval de la Direction du patrimoine, car les antennes sont installées sur les façades des bâtiments, et reliées à des bornes extérieures. « Elles sont discrètes, en hauteur et émettent moins qu’une antenne de téléphonie », rassure Sébastien Boggia.

Les zones du parc de l'université couvertes par le Wi-Fi outdoorMais un tel lieu de vie, ouvert à tous, ne va pas sans aléas et dysfonctionnements. « Nous avons déjà noté certaines dégradations, tags sur le mobilier urbain, déchets et déjections canines  par terre », reconnaît Brahim Doughouas, en charge du projet au sein de la Direction du patrimoine immobilier. Pour tenter d’y pallier, des solutions ont d’ores et déjà été avancées : renforcement du nombre de poubelles de tri (100) – Brahim Doughouas insiste sur « la dimension pédagogique » d’une telle démarche –, installation de 80 cendriers aux entrées de bâtiments, et adoption d’un règlement intérieur du parc, signé par le président de l’université. Pour l’instant, pas de sanction, mais la possibilité d’une intervention de la police municipale au sein du parc est à l’étude…

Mise en valeur par la lumière

Omniprésente et indispensable, en particulier en période hivernale, la lumière est un élément loin d’être laissé au hasard dans la conception du parc de l’université. La mise en lumière, étendue à certaines zones dans un souci de sécurité, a été confiée à un professionnel, Charles Vicarini. Pour valoriser les 327 arbres, 2 600 mètres carrés de prairie fleurie ou encore 2 600 rosiers, cinq « plans lumière », adaptés aux différents moments de la journée (soirée, nuit, levée du jour) et aux saisons, mais aussi modulables en fonction des événements (Nuit des étoiles, par exemple), ont été imaginés. LED basses consommations, tests pendant un an et réglages millimétrés : rien n’a été laissé au hasard. À commencer par la disposition de la centaine de lampadaires et surtout des neufs mats d’éclairage placés aux entrées stratégiques du campus. Leurs trois faisceaux colorés éclaireront de façon différenciée panneaux campus (en vert), panneaux plan boussole (en blanc) et le sol (en bleu). Crédit : Charles VicariniLe nouvel éclairage réserve encore bien des surprises aux visiteurs du soir, notamment la projection lunaire sur la façade de l’Agora, qui risque de leur mettre des étoiles plein les yeux…
La phase finale des travaux achevée, qui concernait le parking Descartes de la bibliothèque U2-U3 (145 places), certains ne manqueront pas de s’interroger sur le terrain de sport, à la terre fraîchement retournée et ceinturé de barrières. Brahim Doughouas les rassure : « La pelouse a été semée. Il faudra attendre la première tonte, après l’enracinement du gazon, pour ouvrir la parcelle au cheminement. Et le reste des arbres sera planté à l’époque la plus propice, c’est-à-dire en novembre. »

Pièce maîtresse de la métamorphose du parc de l'université, stratégiquement placée au croisement des chemins du campus, entre les facultés de droit et de chimie, l’œuvre d'art Pergola interrogera (du 17 au 20 septembre) ce nouvel espace vert et ouvert, lieu de transition et d'échanges entre l'université et la ville. Son inauguration, le 17 septembre, prélude à la résidence hivernale de l'Ososphère, s'accompagnera des créations musicales de Jean-François Laporte et des lectures de manifestes architecturaux proposées par Christophe Greilsammer (Cie L'Astrolabe).

En attendant, la palette complète des couleurs du parc ne se révélera aux regards qu'au printemps 2016... Patience !

Elsa Collobert

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Avant/après : l'évolution du campus se déroule sous vos yeux

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Histoire de la Reichsuniversität : « Il faut créer une commission de recherche interdisciplinaire indépendante et pourquoi pas franco-allemande »

En juillet dernier, des préparations contenant des restes des victimes juives de l’anatomiste nazi August Hirt étaient découvertes à l’Institut médico-légal de Strasbourg. Le 6 septembre, elles ont été inhumées après avoir été remises à la communauté juive. L’occasion de faire le point avec le professeur Christian Bonah, historien des sciences, sur cette découverte et sur les travaux de recherche menés depuis plusieurs années à l’université.

À quelle période de l’histoire vous intéressez-vous ?
Dans le cadre de mes recherches en histoire de la médecine, je m’intéresse à la période complexe et opaque de l’annexion de Strasbourg et de l’Alsace-Moselle (1940-1944) pendant la Seconde Guerre mondiale et aux années qui vont suivre la Libération, la période d’instruction militaire et des procès des criminels de guerre en France.
Entre 1940 et 1944, l’Université de Strasbourg est alors repliée à Clermont Ferrand et le pouvoir national-socialiste allemand investit les lieux et y installe la Reichsuniversität. A la Libération, des offices spéciaux mis en place par les Alliés ont pour missions d’identifier et d’arrêter des criminels de guerre et de localiser des scientifiques qui ont travaillé dans les domaines sensibles, par exemple le nucléaire ou la virologie et d’appréhender leurs données scientifiques accumulées pendant l’occupation. C’est dans ce contexte que l’on découvre une série de cadavres laissés par l’anatomiste Auguste Hirt dans les sous-sols de l’Institut d’anatomie. Son but était de constituer une collection de squelettes juifs. Avant de fuir, les scientifiques nazis se sont employés à faire disparaitre toute trace compromettante de leurs travaux de recherche ou de brouiller les pistes. Auguste Hirt qui avait fait re-déporter 86 victimes sélectionnées à Auschwitz pour être assassinées au Struthof et puis intégrées dans la collection anatomique anthropologique de l’Institut de la Reichsuniversität ordonne de mélanger les corps des 86 victimes juives à d’autres présents à l'Institut d’anatomie, d’exciser les matricules d’Auschwitz et de découper les corps. Trois experts médecins légistes français sont alors nommés pour restituer toutes les traces de manœuvres criminelles identifiables. Il faut prendre conscience de la complexité, de l’ampleur et de l’horreur de la tâche qui leur est confiée !

Dans quel contexte les restes des victimes d’Auguste Hirt ont-ils été découverts en juillet dernier ?
En 1945-1946, l’expertise conduite par le professeur Simonin se base sur une visite du Struthof, des autopsies et des analyses toxicologiques et des prélèvements histologiques faits sur les restes des victimes dans le but de construire les chefs d’accusation présentés au procès des criminels. Son rapport d’expertise pour le Tribunal militaire français fait état de 21 prélèvements toxicologiques et trois prélèvements histologiques mis sous scellés. Dans son rapport, il fait mention d’autres prélèvements : des échantillons complémentaires de contenu d’estomacs et d’intestins qui ne font pas partie des pièces sous scellés et conservés à Strasbourg. Ce sont ces échantillons qui ont été retrouvés à l’IML grâce aux investigations du docteur Toledano qui dans le cadre de ses recherches fait une place importante à l’histoire des victimes.
Si les motivations précises du professeur Simonin d’effectuer ces prélèvements complémentaires restent floues : visées pédagogiques, preuves supplémentaires des sévices subis, souci de décrire l’horreur qu’il vient de vivre, etc. ; il n’est pourtant pas absolument étonnant de les retrouver dans les collections de l’IML. Cela fait partie des traditions de médecine légale de garder des pièces à convictions de toutes les affaires criminelles traitées à des fins d’enseignement. Depuis, les outils pédagogiques ont évolué et ce type d’échantillons ne sont plus utilisés pour l’enseignement. Les pièces sont restées dans la collection.

Les travaux de recherche menés à l’université vont-ils amener d’autres découvertes ?
Toute recherche conduit à se poser de nouvelles questions et donc à de nouveaux résultats. La médiatisation récente de la découverte du docteur Toledano a soulevé la question de la création d’une commission historique chargée d’inventorier tout ce qui pourrait se trouver encore dans les archives, musées, collections et bâtiments universitaires. À mon sens, son rôle ne doit pas se résumer à cela. Il doit s’agir d’une commission de recherche interdisciplinaire, indépendante de l’université et pourquoi pas franco-allemande ; Nous avons besoin de mieux comprendre l’intégralité des recherches menées par les scientifiques nazi entre 1941 et 1944 à Strasbourg. La connaissance de leurs travaux orientera de manière pertinente les recherches dans les collections restantes. La création de la commission doit être impulsée par l’université, qui n’a rien à cacher, mais elle ne devrait pas être seule à l’assumer.

Quels sont les projets de recherche à développer selon vous ?
Après-guerre, trois phases se sont succédées dans la manière de comprendre la période écoulée. Immédiatement après la guerre, on s’est attaché à retracer l’histoire des criminels de guerre et de leurs actes, notamment pour alimenter les procès. Dans les années 1950, on est entré dans une phase qui souhaitait « passer à autre chose » où l’on préférait regarder vers l’avant que dans le passé. Et enfin à partir des années 1980, en Allemagne, les nouvelles générations se sont posé la question de l’histoire du national-socialisme de tout ce qui n’a pas été pris en considération par les jugements après-guerre et de la continuité des courants de pensées.
Du point de vue du travail des historiens, il y a trois grandes orientations à poursuivre. À Strasbourg, nous nous intéressons déjà à l’histoire de la Reichsuniversität et du même coup à celle des scientifiques criminels, qui en ont fait son « renom » à l’époque, mais nous n’en sommes qu’au début. En parallèle, les travaux de Raphaël Toledano et de Hans-Joachim Lang mettent l’accent sur celle des victimes. Le troisième axe s’inscrit dans l’histoire de la réception ou non du national-socialisme, ou autrement dit comment l’histoire de la guerre a été perçue et vécue après 1945.

Propos recueillis par Anne-Isabelle Bischoff

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La cartographie magnétique dévoile les objets insolites sous nos pieds

Alors que le campus était déserté par les étudiants, personnels universitaires et chercheurs, Pauline Le Maire, elle, n’a pas chômé ! Profitant de la fermeture estivale au public des jardins de la rue de l’Université, elle a réalisé une première cartographie magnétique du site. Son objectif, retrouver des munitions enterrées là.

Que l’on se rassure, les munitions enfouies autour du Palais U et de l’Institut de physique sont sans danger. Il s’agit de l’un des sites tests sur lequel des doctorants comme Pauline travaillent pour mettre au point des méthodes innovantes de cartographie magnétique des sols à trois dimensions et multi-échelle. « J’effectue mes recherches dans le cadre d’une thèse Cifre (Conventions industrielles de formation par la recherche) en partenariat avec la société Cardem, spécialisée dans la déconstruction urbaine et la dépollution pyrotechnique », détaille la doctorante de l’Institut de physique du globe de Strasbourg.

Tout objet a des propriétés magnétiques particulières qui viennent perturber le champ magnétique terrestre. « La cartographie magnétique en surface permet de mieux comprendre ce qu’il y a sous nos pieds sans creuser. » Et l’enjeu est de taille lorsqu’il s’agit de potentiels engins explosifs. « L’objectif est de détecter les anomalies, les objets enfouis, mais également de les caractériser et à termes de pouvoir faire la différence entre un simple tuyau métallique et un obus par exemple. » Pour cela, les méthodes de mesure existantes ne suffisent plus. Les chercheurs du laboratoire ont eu l’idée d’y ajouter des mesures par forages verticaux. Ainsi, on arrivera à mesurer des variations du champ magnétique en trois dimensions au lieu de deux et à avoir des informations plus détaillées sur la géométrie des objets détectés. Du moins, c’est l’hypothèse de travail de la doctorante et ce que prédisent les modèles. Le travail de terrain permettra de le vérifier.

Faire la différence entre un tuyau et un obus

Pour établir la cartographie, Pauline a sillonné le parc avec un « sac à dos » équipé de capteurs placés à un mètre du sol et d’un système de positionnement permettant la localisation des données. Après une phase d’étalonnage et d’acquisition, il a fallu traiter et analyser les données collectées grâce à des outils mathématiques. La carte ainsi produite met en évidence par un jeu de couleurs les contrastes d’aimantation, les directions puis la localisation des sources d’aimantation. « Le jardin du campus historique concentre tous les défis possibles à relever. Des bâtiments hauts diminuant le signal GPS pour la localisation des données, des perturbations temporelles du champ magnétique à cause des trams et des véhicules qui circulent, etc. » Maintenant que les projectiles sont repérés aux positions prévues, Pauline va procéder aux mesures verticales par forage afin de vérifier si dans un terrain perturbé, elle arrive toute de même à collecter des informations géométriques précises prédites par la modélisation.

Mais les cartographies magnétiques 3D que la doctorante développe ont bien d’autres applications y compris en archéologie, puisque comme Pauline – tout juste revenue d’une mission en Palestine – le souligne, même des briques cuites ont des propriétés magnétiques. Et elle conclut, « Travailler avec une entreprise ou pour des archéologues est très enrichissant, car ils finissent toujours par creuser et vérifier nos hypothèses ».

Anne-Isabelle Bischoff

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Pinar Selek est de retour à l'Université de Strasbourg

Depuis le 1er septembre, la sociologue turque accusée à tort d'avoir organisé l'attentat au marché aux épices d'Istanbul est à nouveau embauchée sur un contrat post-doctoral à l'Université de Strasbourg.

Pinar Selek conduira des recherches sur le rôle, positif et négatif, de l'Union européenne dans la reconnaissance du génocide arménien au sein de l’unité de recherche mixte CNRS/Université de Strasbourg Société, acteurs, gouvernement en Europe (UMR 7363 Sage). Par cet acte, l'Université de Strasbourg rend concret son "asile académique". Le combat  de l’Université de Strasbourg pour son acquittement continue !
L'UMR 7363 Sage, créée le 1er janvier 2013, regroupe 53 enseignants-chercheurs titulaires sur poste, 13 chercheurs CNRS, 5 ingénieurs et technicien et 68 doctorants. Elle est dirigée par la professeur Hélène Michel et le professeur Philippe Hamman. Cette unité pluridisciplinaire réunit des chercheurs et des enseignants-chercheurs qui travaillent sur les processus de transnationalisation (et tout particulièrement la construction européenne comme réponse à une mondialisation croissante) et sur les transformations des structures et des dynamiques sociales et politiques qu’ils induisent. Dans cette perspective, une attention particulière est portée à la sociologie des acteurs, à l’élaboration et la mise en œuvre de normes et de dispositifs publics et à la genèse d’enjeux sociétaux (environnement, santé, vieillissement, vulnérabilités sociales, culture, villes) ainsi qu’à leurs dynamiques de territorialisation à différentes échelles.

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Une rentrée aux petits oignons dans les restos' U

Qui dit rentrée dit nouveauté, et le Crous n’échappe pas à la règle. À la carte de l’année qui commence : animations, jours de gratuité, nouveaux plats et nouvelles formules. Usagers gourmands du service de restauration universitaire, à vos couverts !

Les restos’ U à Strasbourg, c’est 7 000 passages quotidiens, pour près de 1,6 million de repas servis en 2013-2014. Pour cette rentrée, le service de la restauration universitaire a donc mis les petit plats dans les grands pour répondre à une exigence croissante de ses usagers en termes de qualité et de rapidité.

C’est parti pour le restaurant Paul-Appell

Inauguré en juillet dernier, le restaurant Paul-Appell accueille, dans ses locaux entièrement rénovés, ses premiers usagers depuis le début du mois de septembre. « Comme le restaurant est en relative périphérie du campus Esplanade [rue de Palerme, entre le campus et la presqu’île Malraux, N.D.L.R.], nous mettons en place une opération pour le rendre davantage visible », explique Sarah Boos, du Crous. Chaque semaine de septembre, un jour de gratuité est instauré. « Pour en bénéficier, il faudra présenter un coupon disponible soit dans le journal 20 minutes, ou distribué par nos agents sur  le campus. » Gardez donc les yeux ouverts mercredi 9, jeudi 17, vendredi 25 et mercredi 30 !
Les heureux titulaires du sésame – et les autres – pourront déguster, outre les traditionnels menus à la carte, des formules italiennes avec pizza ou pâtes, salade et boisson (4,50 euros) ; et des menus plancha, déclinant grillades, frites et légumes (prix variable selon la viande proposée).
Les plus pressés pour manger devront attendre octobre et l’ouverture de la cafétéria, pour déguster sandwichs chauds et froids sur place ou à emporter.

Produits bio et locaux à l’Esplanade

Offrir des menus toujours plus qualitatifs, c’est une démarche au cœur des préoccupations des agents du service de restauration universitaire. Au resto’ U de l’Esplanade, cela se traduit par une nouvelle formule, Végé Bio, comprenant un plat, accompagné d’une entrée ou d’un dessert, et d’un petit plus offert selon la saison (salade, soupe), intégrant au maximum des produits bio et locaux. Le tout sans casser sa tirelire : 4,50 euros !
Dans le même esprit, la journée du 24 septembre sera placée sous le signe du soutien aux producteurs locaux, moteurs du développement durable : leurs produits seront mis à l’honneur à travers les menus, bien-sûr, mais aussi une exposition et une pyramide de légumes, destinés à être distribués aux étudiants. Le restaurant Le 32 proposera de la viande bio d’Alsace.

Des menus équilibrés et exotiques à Illkirch

Pas de changement majeur à noter au restaurant du campus d’Illkirch, qui propose toujours des menus équilibrés à composer soi-même avec entrée, plat, dessert ou fromage, accompagné de pain (3,25 euros), des grillades et un pôle Cuisine du monde.

Repas chronométré à Cronenbourg

C’était une volonté des usagers du campus de Cronenbourg : depuis janvier dernier, ils peuvent manger chaud et vite, grâce au nouveau self rapide ouvert dans l’extension du RU principal. Grâce à une formule à 3,20 euros comportant un plat unique accompagné d’une entrée ou d’un dessert, fini les longues files d’attente !
Et depuis la rentrée, l’espace de restauration cosy parsemé de banquettes et mange-debout est partagé entre étudiants et personnels. Une première sur le campus strasbourgeois.

Les restos' U en chiffres

  • Le prix d’un repas Crous augmente cette année de 0,05 euro, passant de 3,20 à 3,25 euros ;
  • Plus de 5 800 places assises sont proposées dans les quatre restos’ U strasbourgeois, qui disposent chacun d’une cafétéria (Paul-Appell à partir d’octobre). Tous les menus des restaurants et cafétéria sont consultables en ligne sur le site du Crous ;
  • Les horaires d’ouverture des RU s’échelonnent entre 11 h 30 et 13 h 45 le midi ; 18 h 30 et 20 h 30 le soir (restaurant Esplanade uniquement).